Vérité ?

Je jouais de la guitare, le son a fond. J'essayais de me calmer, de penser à autre chose. Mais je n'y parvenais pas. Je revoyais la scène devant mes yeux. Je revoyais le garde le toucher et le prendre, encore et encore...
Je posais ma guitare et me laissais glisser au sol, la tête entre mes bras. Je revoyais la scène et les paroles de Ren. C'était de ma faute, il avait raison...
Replié sur moi même comme ça, je senti mes bijoux sur ma peau et en particulier ma lame. Bizarrement ils ne me l'avaient pas retiré lorsque j'étais arrivé ici...

Je pris ma lame de rasoir dans mes mains puis la passais sur ma peau, profondément. J'avais tellement mal que même ça ça ne me faisait rien... J'aimais Ren mais je l'avais torturé. Pas directement mais c'était pareil... Je l'avais humilié puis blessé, je l'avais fait violer... La lame s'enfonça un peu plus, le sang coulait sur moi. Mais j'avais toujours aussi mal... Je senti mes larmes sur ma peau, sur mes lèvres. ça me rappela mes piercings en moins, son piercing en moins...

La douleur se fit légèrement ressentir alors que je me coupais plus fort. Je l'avais définitivement perdu en venant ici, même si il n'avait plus besoin de moi. Et maintenant j'avais perdu la personne que j'aimais. Je l'avais perdu et je l'avais torturé... Quelque soit les personnes que j'aimais, je les blessais...
Ils n'avaient plus besoin de moi, aucun des deux. Jamais Ren ne me pardonnerait, jamais il ne voudrait de nouveau me voir ou me parler. Il allait me virer de son jeu, c'était normal. Je ne pourrais plus lui servir, le servir... Je ne servais plus à rien... J'avais mal. Et j'allais souffrir encore plus. A moins de tout faire arrêter... Je savais comment faire, je l'avais déjà fait plusieurs fois. Mais cette fois ma mère ne viendrait pas me chercher. Tant mieux. Je ne voulais pas que ça s'arrête temporairement.
J'étais ici car mes propres parents avaient voulus se débarrasser de moi. Mon dieu était bien sans moi, même bien mieux que lorsque j'étais avec lui, jamais il n'avait sourit comme ça avec moi. Et maintenant Ren... Il allait se débarrasser de moi aussi...

La lame s'enfonça dans ma peau encore plus, sur mes poignets. Je redressais alors ma tête légèrement, observant le sang couler. J'avais coupé les caméras dans ma chambre, personne ne me verrait. Personne ne viendrait me chercher à la dernière minutes. Et c'était bien comme ça. Je ne ferais plus de mal à personne...

Après avoir été voir les patients que je devais voir, je retournais voir le docteur. Je lui demandais si il avait besoin que je fasse quelque chose encore. Je voulais tout faire pour lui. Il me demanda alors d'aller apporter des papiers à Alexie. Je savais que c'était un ancien patient et qu'il travaillait maintenant avec lui. Je souris et hochais la tête. J'étais ravie de pouvoir l'aider.
Je me rendis donc dans la chambre de ce garçon et frappait. J'entrais ensuite et le cherchais. Le dossier tomba au sol alors qu'un petit cri m'échappa.
Je me précipitais vers lui et l'observais. Il était inconscient et ne respirais plus... Je me dépêchais de bloquer ses poignets, qu'il ne perde plus de sang. Je lui fit ensuite un massage cardiaque, espérant que ça suffise. Le sang était encore bien frais, ça devait être le cas...
Je respirais de soulagement lorsque sa poitrine se souleva a nouveau. Je me dépêchais alors d'aller chercher de quoi le soigner correctement et revins. Je le soignais alors en m'appliquant vraiment. Je ne devais faire aucune erreur, il était encore trop faible...
Je l'observais ensuite, attendant qu'il se réveille. Je ne comprenais pas pourquoi il avait fait ça. Je ne lui avais pas beaucoup parlé mais à chaque fois il avait de grands sourires et il semblait réellement heureux...

J'observais le sang couler de mon poignet. C'était pas plus mal. Je ne ferais plus jamais de mal à personne comme ça. Personne ne tenait à moi que ce soit ici ou à l'extérieur. Peut-être que lui sera un peu triste mais pour ça il faudrait qu'il apprenne ma mort... Ou alors il sera soulagé, il n'aura plus jamais à s'occuper de moi... Ren, lui, il me remplacerait. Il trouverait bien quelqu'un d'autre à manipuler pour avoir accès à ce que j'avais. De toute façon il l'aurait fait même si j'étais encore vivant. Je ne fais que lui faciliter la tâche...
Ma vision commença à se troubler, j'en souris presque. Ca allait enfin s'arrêter... Après toutes ces années...

Le corps d'Alexie glissa légèrement sur le sol alors qu'il tombait dans l'inconscience. Son sang continua de couler et sa respiration diminua alors que sa porte s'ouvrit.

J'avais l'impression de flotter, de ne plus rien sentir... Difficilement, j'ouvris les yeux. J'étais dans ma chambre, sur le sol. Qu'est-ce que je faisais là? Je tentai de me redresser et vis alors mon poignet. Il était bandé... Je regardais le second et compris. J'avais recommencé et ça avait raté... Je me souvins alors pourquoi j'avais fait ça... Ren... son viol, ses mots, sa colère... La douleur revint, encore plus forte.

- Comment tu te sens?

Je redressais la tête rapidement et regardais Ambre devant moi. Qu'est ce qu'elle faisait là?

- C'est moi qui t'ai trouvé et soigné. Je ne t'ai pas remis sur ton lit, je ne suis pas assez forte pardon.

Je l'observais encore. C'était elle, l'infirmière qui faisait tout le temps des erreurs, celle qui pouvait avoir Renji comme elle voulait... C'était elle qui m'avait trouvé et soigné... Un instant, je revis ma mère... Je secouais alors la tête. Non, Ambre ce n'était pas pareil. Elle ne voulait pas me faire du mal. Elle avait voulu me sauver, me soigner. Elle ne comprenait pas. Je la regardais alors plus gentiment.

- Pas grave. ça va, tu peux partir.

Je ne voulais pas qu'elle reste. Je voulais être de nouveau seul. J'avais mal...

J'observais Alexie en attendant qu'il se réveille. A un moment, sa respiration se coupa de nouveau. Je ne comprenais pas pourquoi, il ne perdait pourtant plus de sang...
Je recommençais alors à le faire respirer. Il ne fallait vraiment pas que je le laisse... Tout en le surveillant, j'essayais de me rappeler son dossier, que j'avais vu très rapidement. Il avait une maladie, enfin on le soupçonnait de l'avoir, mais je ne savais plus son nom. Et ce n'était pas la première fois qu'il voulait mourir...

Au bout d'un long moment, il finit par se réveiller. Je le laissais reprendre ses esprits, se rappeler de tout. Lorsque je vis de la douleur dans ses yeux, je lui adressais la parole.

- Comment tu te sens?

Il redressa la tête rapidement et et me regarda Ambre. Il semblait se demander ce que je faisais la, je lui répondit gentiment.

- C'est moi qui t'ai trouvé et soigné. Je ne t'ai pas remis sur ton lit, je ne suis pas assez forte pardon.

Je savais que normalement un blessé ne doit pas rester au sol, mais je n'aurais pas réussi à le soulever. Et je me doutais qu'il n'aurait pas voulu que quelqu'un d'autre le voit ainsi... Il me regarda après avoir secoué la tête et me répondit.

- Pas grave. ça va, tu peux partir.

Partir? Même pas en rêve! Je voyais bien la douleur dans ses yeux encore.

- Non, je ne partirais pas. Tu as mal, je le vois bien. Alors je resterais avec toi...

Je ne pouvais pas le laisser seul. Par contre maintenant je pouvais le remettre dans son lit, avec son aide. Je me levais et pris sa main doucement, l'aidant à se lever. Il sembla comprendre car il se laissa faire et s'allongea. Il me regarda alors.

- Tu comptes rester ici à vie?

Je n'aimais pas cette question. Elle sous entendait qu'il n'irait plus jamais bien. Je m'assis à ses côtés et l'observai gentiment.

- Pourquoi? D'habitude quand je te vois tu es toujours de bonne humeur? pourquoi tu as fait ça? Tu n'as pas pensé que tu ferais du mal à tes proches en mourant?

Je lui demandais de partir, je ne voulais pas qu'elle reste. Je voulais être seul. Cette fois, j'allais bloqué ma porte. Comme ça je serais tranquille. Et eux aussi... Pourquoi elle ne comprenait pas que c'était mieux? Elle refusa de partir, ne voulant pas me laisser car j'avais mal...
Elle m'aida a me mettre sur mon lit alors que je lui répondais. J'étais sincère. J'avais mal, très mal. Jamais Ren ne me pardonnerait ça. mon dieu n'avait pas besoin de moi, il était mieux sans moi...
Elle s'assit et me parla. Faire du mal à mes proches? Un rire amer s'échappa de mes lèvres.

- Non, ça ça ne risque pas d'arriver...

Je n'avais pas de proche. Je n'en avais jamais eu, sauf lui... Mais il ne le saurait pas donc ça irait... J'eus alors encore plus mal... Doucement, difficilement, je serrais mes jambes et posais ma tête dessus. Les coups que Ren m'avait donnés me faisaient vraiment mal, mes blessures me faisaient mal, mes pensées me faisaient mal...
Je sentis alors des bras autour de moi et un corps contre le mien. Ambre me serrait dans ses bras. Elle me serrait doucement et caressait mes cheveux, me berçant doucement. Pourquoi elle était aussi douce... Je ne pu m'en empêcher, je craquais. Je serrais doucement sa robe contre moi et laissais mes larmes couler. Son étreinte me rappelait la sienne, lorsque j'allais mal. Et ça me faisait mal. Mais en même temps, ça me faisait du bien... Alors je pleurais contre elle. Elle me serra un peu plus et caressa mes cheveux. Elle resta ainsi longtemps, même après que j'ai arrêté de pleurer.

Je l'aidais à se mettre dans son lit puis m'assis près de lui, l'observant.

- Pourquoi? D'habitude quand je te vois tu es toujours de bonne humeur? pourquoi tu as fait ça? Tu n'as pas pensé que tu ferais du mal à tes proches en mourant?

- Non, ça ça ne risque pas d'arriver...

J'eus mal pour lui, car son ton était sincère. Il se replia alors. Je l'observais encore, vraiment triste. Il ressemblait à un petit enfant seul comme ça... Tout doucement, je le pris contre moi. Je caressais ses cheveux en le berçant. Je le senti alors craquer. Il s'accrocha à moi et pleura. J'eus encore plus mal. Il ressemblait vraiment à un enfant seul, perdu. Un enfant qui n'aurait jamais connu ces étreintes de douceurs. Non, pas qui n'aurait jamais connu. Qui les aurait connu, pendant un moment trop court, avant de les perdre à jamais...
Je compris alors qu'il avait énormément souffert, avant d'être ici. Que malgré ses sourires et sa bonne humeur qu'il avait toujours eu, il était malheureux et seul... Alors je le serrais plus fort, continuant mes caresses. Je me fis la promesse de ne pas le laisser seul, d'être là pour lui, au moins ici.
Il finit par se calmer mais je ne lâchais pas. Je continuais mes caresses doucement. Il ne se dégagea pas non plus, il devait en avoir besoin encore plus que je ne pensais...

- Alexie... pourquoi tu as fait ça?

J'ignorais si il me répondrait sincèrement mais je l'espérais. Je voulais qu'il me parle, qu'il me raconte tout ce qui lui faisait mal. Qu'il ne garde pas ça en lui.

Je restais contre elle, serrant sa robe doucement. Je ne parvenais pas à me dégager de son étreinte. Cela me faisait tellement de bien, presque autant que lorsque mon dieu le faisait... J'avais l'impression de compter pour quelqu'un à nouveau...

- Alexie... pourquoi tu as fait ça?

J'entendais sa tristesse dans ses paroles. Pourquoi était-elle aussi triste, aussi douce? Pourquoi elle ne me laissait pas seul? Comme tous les autres...

- Parce que j'ai mal et que je voulais que ça s'arrête... Parce que contrairement à ce que tu penses personne ne serait triste au contraire...

Avouer ça me faisait réellement mal. Mais c'était vrai. Personne ne serait triste d'apprendre ma mort... Je la senti me serrer un peu plus contre elle.

- Ce n'est pas vrai, moi j'aurais été triste.

Je ris un peu à ses paroles, tristement. C'est vrai, elle aurait été triste de perdre un patient. C'est tout.

- Tu as plein d'autre patients, tu m'aurais oublié rapidement.

Elle secoua la tête et me garda contre lui.

- Non. Moi je t'aime bien, t'es marrant et vraiment gentil. Et j'aime beaucoup parler avec toi. Tu es tout le temps de bonne humeur, ça me faisait du bien même si je te disais juste bonjour. Alors te voir aussi brisé me fait mal...

Je la regardais alors, surpris. C'était la première fois que quelqu'un était heureux que je lui dise bonjour. Enfin la première fois depuis lui. A ce moment là, avec ses paroles et ses gestes, elle me rappelait mon dieu. C'est sans doute pour ça que je me sentais un peu mieux dans ses bras et que je ne voulais pas bouger. Je reposais ma tête contre elle.

- Merci Ambre. Ne le prend pas mal mais même si tu aurais été triste ça aurait été mieux, vraiment...

Le serrant contre moi et le berçant, je lui demandais pourquoi. Je ne comprenais vraiment pas comment quelqu'un pouvait tenter de mettre fin à ses jours ainsi, surtout quelqu'un d'aussi heureux qu'Alexie. Enfin, je compris maintenant que sa joie n'était pas sincère, qu'il était vraiment malheureux intérieurement. Mais pourquoi là?
Sa réponse me fit encore plus mal. Ce n'était pas possible. Il y avait toujours quelqu'un à qui on faisait du bien sans le savoir, quelqu'un à qui on manquerait. Quelqu'un qui serait triste. Moi je le serais. Je ne lui avait pas parlé beaucoup mais à chaque fois il m'avait redonné le sourire. A chaque fois que je lui parlait, même pour lui dire bonjour, il faisait de grands sourires. C'était vraiment agréable. Avec lui je me sentais à l'aise. En plus avec lui je n'avais pas l'impression d'être une poupée gonflable vivante. Je savais que j'aimais énormément le sexe et donc souvent ça m'arrangeait. Mais c'était aussi agréable de parler avec quelqu'un simplement, qui me regardait dans les yeux même si j'étais plus petite. J'aimais vraiment lui parler même si c'était peu et rare. Et ne plus le faire me rendrait forcément triste, sauf si c'était parce qu'il était guéri. La je serais heureuse pour lui...

- Non. Moi je t'aime bien, t'es marrant et vraiment gentil. Et j'aime beaucoup parler avec toi. Tu es tout le temps de bonne humeur, ça me faisait du bien même si je te disais juste bonjour. Alors te voir aussi brisé me fait mal...

Il fut surpris de mes paroles. Je ne comprenais pas pourquoi. C'était si étrange? Il devait avoir l'habitude pourtant non? Je ne comprenais pas comment il pouvait semblait être si seul et brisé quand il était aussi gentil et souriant... Il donnait envie d'être ami avec lui... Enfin, moi il me donnait envie d'être ami avec lui... Il reposa sa tête contre moi et je le serrais un peu plus, caressant encore ses cheveux.

- Pourquoi ça aurait été mieux ? Qu'est ce qu'il s'est passé?

Je ne voulais pas le forcer à parler mais je voulais qu'il me réponde. Je voulais comprendre ce qu'il ressentait et pensait pour pouvoir essayer de l'aider. Pour arriver à le faire sourire, comme lui me fait sourire.

Je sentis son étreinte se resserrer une nouvelle fois et ses caresses recommencer. Ca me faisait vraiment du bien. J'avais vraiment l'impression qu'elle tenait à moi comme ça, de ne pas être seul... Pourquoi ça aurait été mieux? Parce que je pourrais plus lui faire de mal. Parce que je n'aurais plus à voir l'homme que j'aime me détester... La douleur revint encore, très forte.

- Parce que j'aurais plus mal... Tu es la seule qui serait triste de ma mort. Les autres... soient ils s'en moqueraient soit ils seraient heureux... Il serait soulagé même...

Ma réponse ne sembla pas lui plaire. J'ajoutais avant qu'elle ne parle, répondant à sa deuxième question.

- J'ai fait du mal à la personne que j'aime. Pas qu'un peu... Je l'ai humilié puis torturé. Je lui ai fait plus de mal que je n'aurais jamais pensé. Pas directement, mais c'est de ma faute... Déjà qu'il ne m'aimait pas avant, maintenant ce sera pire...

Les larmes revenaient avec la douleur. Je la serrais un peu plus et mis ma tête dans son cou.

- Le voir sans pouvoir le toucher me fait déjà mal. L'entendre avec toi me fait aussi mal. Mais au moins avant je pouvais lui parler... Maintenant... Il doit me détester... Il ne voudra même plus me parler, je le sais bien. Même pour me demander des trucs pour son jeu... Il ne voudra même plus que je reste dans son jeu... Je ne supporterais pas de le perdre lui aussi...

Je voyais Ren devant moi, le visage froid, me demandant de lui rendre sa tour. Je ne voulais pas. C'était la seule chose qu'il me restait de lui. Je ne voulais pas la perdre aussi, comme j'avais perdu l'autre... Il me restait mes chiffres sur ma main mais ce n'était pas pareil... Ce n'était pas lui qui me l'avait fait... La pour la tour, si je la perdais ça serait pareil...
Ambre me serra un peu plus fort. Elle avait du comprendre que je parlais de Ren pourtant elle ne me posa pas de question sur ce que je lui avait fait. Elle se contenta de me demander qui était l'autre personne que j'avais perdue.
Je me crispais un peu plus contre elle. Parler de lui me ferait mal... Je ne voulais pas avoir encore plus mal... Mais en même temps, je ne pouvais m'empêcher de lui répondre...

- Kal, mon dieu... Mon premier ami, mon seul ami... C'est lui qui a fait de moi celui que je suis aujourd'hui... Avant de le connaitre j'étais toujours seul, je me faisais frapper ou insulter. Lui est venu me parler et s'est occupé de moi. J'étais vraiment heureux avec lui. C'est lui qui m'a fait mon premier piercing et mon premier tatouage. Mais un jour j'ai du déménagé, je me suis retrouvé seul à nouveau...

Je baissais la tête doucement, toujours contre elle.

- On était vraiment proche, c'était comme mon grand frère... Mais en déménageant aussi brusquement je l'ai perdu... Même le piercing qu'il m'avait donné je ne l'ai plus...

Je pensais alors à ses paroles d'avant et anticipais sa question.

- Non, il ne sera pas triste si il le savait. Déjà il faudrait qu'il le sache... Et même si c'était le cas je ne suis pas sur qu'il soit triste... On était très proche alors je pensais que quand on avait été séparés, il était aussi mal que moi. Enfin, pas forcément autant mais qu'il serait mal aussi. Que je lui manquait comme il me manquais. Alors un jour je suis retourner le voir. Mais il n'avait pas du tout l'air malheureux. Il était avec ses amis, ses nouveaux amis. Avant que je ne déménage il passait beaucoup de temps avec ces nouvelles personnes et pourtant, même si on était proche, il n'a jamais voulu me présenter à eux. Là il était avec eux et il était heureux. Il n'avait jamais sourit ni rit comme ça avec moi... Je ne lui manquais pas, il était heureux... Même si je ne pense pas qu'il m'ait oublié, je ne pense pas qu'il sera réellement triste si je meurt...

Pourquoi il le serait de toute façon? Il devait être soulagé de ne plus m'avoir dans les pattes. Et si j'était mort il serait sur d'être tranquille. alors il serait encore mieux. Comme Ren. Ils seraient tous bien mieux...

Je le serrais contre moi, le berçant à nouveau. Alexie était vraiment quelqu'un de fragile. Je ne le savais pas avant mais je ne l'oublierais pas. Ça ne se voyait pas quand il était bien mais lorsqu'il était comme ça, on le voyait tout de suite. C'était un enfant...
Je l'écoutais me parler de ce qu'il lui était arrivé. L'entendre avec moi? De qui il parlait? Ah... Il était amoureux de Renji... Je me demandais alors ce qu'il pouvait avoir fait pour l'humilier et le torturer mais je ne le demandais pas à haute voix. Je savais qu'il ne me répondrait pas. Et puis Ren était tellement fier que ça se trouvait ce n'était rien...
Par contre, je me demandais pourquoi "lui aussi".

- Lui aussi ? Tu as déjà perdu quelqu'un?

Je le senti se tendre mais il fini par me répondre. Si c'était son grand frère, il serait forcément triste. Il devança ma question et répondit ce qu'il pensait. J'avais encore plus mal pour lui. Pour penser comme ça, il devait être tellement seul...

- Si c'est ton ami Alexie, il sera forcément triste. Il était peut-être heureux car il pensait que tu allais bien même si vous étiez loin. Mais te savoir mort serait forcément différent...

Alexie ne dit rien mais je voyais bien dans sa tête qu'il ne savait pas quoi penser. Ses pensées avait l'air d'être plus qu'embrouillées dans sa tête...
Je le laissais se calmer, repensant à son attitude et ce qu'il m'avait dit. Je repensais alors à son réveil. Lorsqu'il avait comprit ce qu'il avait fait il semblait à la fois surpris et à la fois savoir... Est-ce qu'il avait l'habitude? Est-ce qu'il avait fait ça sous la douleur sans s'en rendre compte? Est-ce que parce qu'il s'était coupé il avait enfoncé sa lame trop fort?

- Alexie... C'est pas la première fois que tu le fais n'est ce pas? Que ce soit te couper ou... essayer de mourir...

Continuant ses caresses et à me bercer, elle me demanda qui était la personne que j'avais déjà perdu. Je lui parlais alors de mon dieu, Kal. Mon Kal... Je lui expliquais ce qu'il représentait pour moi et comment nous avions été séparés. Et pourquoi je savais qu'il ne serait pas aussi triste de ma mort que j'aurais aimé...

- Il sera peut-être triste quelques jours mais ça passera. Ensuite il sera encore plus heureux.

Encore plus oui. Car il serait tranquille, il serait sur que je ne le gênerais plus jamais. Après tout, avoir un gamin qui se colle à soi n'est pas agréable. Le fait que je le considère comme mon dieu lui plaisait, je le savais. Mais ce n'est pas pour autant qu'il était heureux de devoir me supporter tout le temps. Si je l'avais vu si heureux ce jours là c'était sans doute parce qu'il était plus que soulagé de mon départ...
Je relevais la tête vers elle lorsqu'elle me demanda si je l'avais déjà fais. Je regardais alors mes poignets bandés. Oui, je l'avais déjà fait. C'était d'ailleurs ce qui m'avait conduit ici...

- Oui...

Je ne savais pas pourquoi je lui répondais sincèrement. Je savais qu'elle voulait savoir quand j'avais commencé et tout le reste. Et encore une fois, je lui répondis.

- La première fois c'était après mon déménagement, quand je suis revenu voir Kal et reparti... J'étais déjà vraiment pas bien avant, j'avais mal. Mais voir mon dieu aussi heureux m'avait fait encore plus mal... C'est pas que je voulais le voir malheureux hein. Mais j'aurais aimé lui manquer... Ce jour là j'ai compris qu'il était bien mieux sans moi en fait. Et ça m'a fait horriblement mal...

Je fermais les yeux, sentant de nouveau cette douleur horrible en moi.

- J'avais déjà compris que quand j'avais mal mentalement, je pouvais faire disparaître cette douleur par une physique. alors j'ai essayé d'avoir mal, suffisamment pour l'oublier. Mais je n'y arrivais pas. J'avais toujours plus mal, je ne sentais rien... Je n'avais pas fait exprès de me couper les veines ce jour là, je voulais juste avoir encore plus mal... Je voulais oublier...
Ça a marché. Je ne sentais plus rien tout le temps où mon sang coulait. J'étais bien.

Oui, à ce moment là, quand mon sang coule au point de m'engourdir tous les membres, de m'empêcher de penser ou de ressentir quoi que soit, là, à ce moment là, je suis bien.

- Ma mère m'a trouvé et m'a emmené aux urgences. Ils m'ont soigné et ensuite je suis retourné chez moi. Et j'ai continué comme ça... Lorsque j'avais un peu mal, je me faisais un peu mal. Lorsque je n'en pouvais plus, j'enfonçais ma lame dans mes veines, pour que tout s'arrête. Je ne voulais pas mourir à ces moments là. Je voulais juste ne plus rien ressentir, être bien. Alors je faisais attention quand même, pour pas mourir. Pour être sur qu'on me trouve...

Je le sentais à ces moments là. si je me mettais à tel ou tel endroit, je savais si j'allais mourir ou non. Et à l'époque je n'avais jamais souhaité mourir.

- La dernière fois c'était après qu'on ait déménagé dans ma ville natale à nouveau. Lorsque je me suis réveillé aux urgences, il y avait un médecin qui parlait avec ma mère. Je ne comprenais pas tut mais il disait que j'étais malade. que j'étais instable, que je devais me faire soigner.

Je fermais les yeux et repensais à leur paroles. Il avait dit le nom d'une maladie...

- Le médecin avait dit que je devait me faire interner car j'étais "bordeline". Il disait que je devais forcément l'être pour supporter de m'être fait autant de piercing et avoir voulu me tuer. Comme mes parents voulaient se débarrasser de moi ils ont accepté, ils avaient une excuse...

C'était la première fois que je parlais de la vraie raison de ma venue ici. J'ignorais ce que le terme "bordeline" signifiait. J'avais trop peur de savoir pour rechercher. Je ne savais même pas pourquoi je lui racontais tout ça. Mais j'en avais besoin, ça me faisait du bien de parler, je le sentais.

Je le sentais mal, si mal… Je me doutais qu’il était familier avec les tentatives de suicide, même si je ne pouvais pas comprendre. Je le lui demandais alors. Et si il me répondait oui, je lui demanderais de m’en parler. Je n’eus pas besoin de le faire, il continua tout seul.
Je le sentais se tendre à ses souvenirs, il avait toujours aussi mal… Je le serrais un peu plus et caressais son dos, le laissant parler à son rythme. J’étais heureuse qu’il me parle, je ne voulais pas le forcer. Il me parla ensuite de son arrivée ici, de sa maladie. Je n’en fus pas surprise, je savais que si il était ici c’est qu’il était malade. Sinon le docteur ne l’aurait pas accepté. Mais je ne fis pas de remarque à ce sujet. C’était plutôt une phrase qu’il avait dite avant qui m’intéressait. Il avait dit « à ces moments là je ne voulais pas mourir ». Est-ce que cela voulait dire qu’aujourd’hui il avait vraiment voulu mourir ? Je me mordis la lèvre légèrement avant de lui demander.

- Alexie… Est-ce qu’aujourd’hui tu as voulu mourir ?

J’espérais qu’il me réponde non, qu’il savait que j’allais venir et le trouver…

Je lui parlais de mes tentatives, du pourquoi je les faisais. Je lui expliquais la raison de ma venue ici aussi. Elle me posa alors une question qui me surprit légèrement. Elle avait raison, elle avait comprit. Peut-être aurais-je du le dire autrement mais cela aurait été mentir. Je ne voulais pas. Cependant je ne pensais pas qu’elle s’arrêterait dessus.

- Oui. Aujourd’hui j’ai voulu mourir.

Je préférais continuer d’être honnête, même si je la senti se tendre immédiatement. Je savais qu’elle aurait voulu que je lui dise non mais pourtant c’était le cas. J’avais vraiment voulu mourir…

- Et… C’est encore le cas ?

J’écoutais sa question et fermais les yeux. Est-ce que je voulais encore mourir ? Je ne le savais pas… J’avais encore mal, plus que mal. Je ne voulais pas être seul, je ne voulais pas voir Ren me détester et partir loin de moi. Je ne voulais pas voir Ren me dire de sortir de son jeu. Je ne voulais pas me retrouver tout seul à nouveau. Mais si je restais en vie, je ne pourrais pas partir. Je serais ici, avec Ren près de moi sans jamais plus pouvoir lui parler ou le toucher. Je serais seul et enfermé… Alors oui, je voulais encore mourir. Je préférais ça…

En entendant sa réponse, j’eus encore plus mal. Je resserrais mes bras autour de lui et lui demandais si c’était encore le cas. Est-ce que parler avec moi l’avait calmé ? Je ne le pensais pas vraiment mais je l’espérais de tout mon cœur.
Il ne me répondit pas mais pourtant je savais. Oui il voulait encore mourir. Je le sentais…

- Alexie… est-ce que tu veux bien me rendre un service ? S’il te plaît.

Il me regarda alors, se demandant ce que je voulais de lui. Je ne savais pas si mon idée allait marcher mais je devais tenter quelque chose.

- Je ne sais pas ce qui s’est passé avec Renji mais je vois bien que tu l’aimes sincèrement. Et je suis sur qu’il tient un peu à toi au moins. Alors attend une semaine. Je suis sur que dans moins d’une semaine il sera venu te voir pour te parler et être avec toi. Et si dans une semaine il ne l’a pas fait, on parlera à nouveau pour voir ce qu’on peut faire pour toi. Tu veux bien ?

Je ne lui répondis pas mais mon corps le fit pour moi. J’étais plus tendu, j’avais envie de pleurer à nouveau. J’avais envie d’avoir mal à nouveau. J’avais besoin d’avoir mal…
Elle me demanda alors si je voulais faire quelque chose pour elle. Je la regardais, surpris. Elle me demanda alors d’attendre une semaine. Comme si Ren allait venir me parler… Comme si il allait un jour revenir… Je pourrais aussi bien attendre cent ans qu’il ne viendrait pas…
Je l’observais encore, pas bien. On parlerait à nouveau dans une semaine ? Mais ça changerait quoi ? Rien…
Pourtant, je ne pouvais me résoudre à lui dire non. Je ne savais pas pourquoi. Alors j’hochais la tête. Si dans une semaine il n’était pas là, je recommencerais. Mais cette fois je bloquerais ma porte. Oui, comme ça ce serait bien.

- D’accord…